La lutte des quatre (Bicolline)

Il y a des contes aux échos si tenaces et récurrents que leurs cœurs ne peuvent que s’être agrégés autour de pépites de vérité.

--- À l’automne, le nouvellement couronné Ard Ri des Îles Celtes, Kevin MacRae, déclara la tenue d’une soirée sous le thème du renouveau celtique. Celui-ci couvait une obsession pour l’antiquité celtique, et c’est ainsi que des représentants de tous les clans furent invités à son hall en Skye. Pendant une soirée, devant les chefs se succédèrent conteurs, druides, et porteurs de la tradition orale.

Leurs légendes, parfois contradictoires, racontèrent qu’il y a plus de dix siècles, quatre reliques furent confiées aux premiers celtes, puis, réparties aux quatre vents, afin que les peuples jaloux, déchus et belliqueux ne puissent les utiliser pour envahir les terres sacrées de Tir na nÔg:
Fal, La Pierre,
Areadbhair Luin, La Lance,
Claimh Solais, l’Épée,
Coire Ansic, le Chaudron.

Les êtres qui firent don de ces reliques, la Tuatha Dé Danann, furent décrits dans les légendes, tantôt en héros anciens, d’autres fois en entités divines ou angéliques, mais de constante, sages et connaissants dans les arts druidiques. Durant les siècles de conflits suivant les grands bouleversements, de nombreux chefs illuminés se perdirent dans la quête de ce passé mythique et idyllique.
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Tard dans la soirée, alors que les gosiers furent bien arrosés et que les barbes grises ronflaient déjà, une vieille dame d’un village côtier de Kintyre vint devant le Haut Roi, qui la regarda d’abord d’un air sceptique. Alors, d’une voix céleste, elle entonna un poème à propos de Gae Assail, la première lance de Lugh avant l’Areadbhair, dont la pointe, si abreuvée d’un nom murmuré, ne pouvait rater sa cible. Vers la fin du récit, vint une strophe qui captiva l’assemblée:

«(...) Dans les temps anciens, à l'âge des légendes,
Brigid Dé Danann, dernière de sa bande,

De Gae Assail, la lance sans égale
Reforgea la pointe, à froid, sans feu,
En un lien entre les mondes, guide fatal
Un noeud magique, artefact précieux.

Quatre reliques sacrées, gardiennes du passé,
Des hommes déchus et fomoriens traquées,
La croix de Brigitte, d'un nom murmuré,
Pointe leur emplacement, leur secret bien gardé.

Du cou des chefs, vit l'histoire, témoin silencieux,
Jusqu'à Ogre McRafi, fort et courageux,
Mais Noeud n'était plus lance, oh, fatale destinée,
En l'an mille-et-un fut défait, sa téte coupée.

L'oeuvre de Brigid, a l'Ouest fut perdue,
La trace depuis lors, dans l'oubli s'est tue.»

Un silence s’ammorti Le MacRae absourdi déposa sa chope, et ordonna qu'on lui raconte tout sur le parcours des chefs celtes défaits.
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Quatre novembre de Ian MXXIII

Vingt-deux années se sont écoulées depuis la révolte celte. Depuis, les îles du Griffon redevenues Celtes, l’Haldorf déclaré indépendant, puis uni à la Fédération Argannaise grandissante. L'Ouest. L'Haldorf, le tombeau du centre. Beaucoup d’eau lestée de carcasses a coulé sous les ponts du fleuve Bonaguil. Il est dit qu’elles forment parfois une écume funeste si épaisse que des draveurs doivent parfois en défaire les embâcles, qu’elles se collent en radeaux dans les gyres maritimes entre Ranvier, lliaca et Dalryada.

D'ascendance celtique, et autrefois alliés de l’Allïance en l’an 1001, la guilde de Gaïa se retrouva, par un concours de circonstances, coups d’éclats et trahisons, maîtres du fief d'Artoisard en Haldorf. À la date de anniversaire des invasions de Dinant, le Roy d’Haldorf Lambert de Bordeleau, dit Hvbertvs II, convia la guilde de Gaïa à un sommet, dans les ruines de la tourelle de Nuur. Nul ne resta insensible à la symbolique. Le gouffre culturel entre l’Ost du Saint-Reliquaire, ces chevaliers Haldorfiens en quête perpétuelle de reliques, et les Gaïens fut fort large mais tous avaient espoir de construire les bases d’un bon voisinage.

Au matin de la première nuit, alors que tous peinaient à se remettre de leur veille, un éclaireur haletant entra dans la grande tente:

«Mon Roy! Des embarcations remplies de géants guerriers celtes remontent l'estuaire!»
Se tournant vers Madael, Lambert s'écrira, sur un ton accusateur:
«Des celtes! Est-ce ume embuscade, une de vos traîtrises druidiques, maître elfe?»
«Manen ino! Je vous le jure, nous n’y sommes pour rien, D'ailleurs, si c'était là l’un de mes pièges. Vous seriez déjà mort!»
La répartie de l'elfe fit cligner des yeux au Roy nouveau d'Haldorf, puis, un sourire en coin se dessina à ses lèvres.

«Soit! Voilà donc votre baptème Haldorfien! Aux armes! C'est l'heure maintenant de défendre notre terre!»