Forêt de Torascon , an 1003
(anc. rég. d'Eraldosse)
« Des îlots d’arbres isolés au centre de la plaine, reprise par la nature quelques centaines d’années auparavant, étaient les seuls témoins d’un être marchant seul sur sa surface aride, presque labourée. »
L’issue
Les derniers cliquetis des armes et les hurlements de la fin de la bataille ramenèrent Setoh à la réalité du récit qu’il devrait confier à sa plume. Il lui parla un instant, probablement en elfique, discutant avec sa pensée et se demandant tout d’abord :
« Pourquoi le front nord était trois fois plus nombreux que le front sud ».
Bien que l’issue de la bataille ne lui était pas propre, le début l’intriguait pourtant et le forçant à préciser d’avantage sa pensée de manière objective.
Des commentaires il en recevait, mais validés par l’action peu en fait ne lui parvenaient. Il dû donc procéder par la validation visuelle et la notation des verbalisations pour pouvoir procéder à une écriture dénuée de partialité.
1ÈRE Épisode
Les dernières tentatives de négociations
Pendant un instant, durant le vif d’une charge sur le flanc droit des troupes d’Äsa par les unités de tirailleurs de Salmarak, Setoh fut perdu dans ses pensés, ne tentant pas d’éviter de flèches ni de coups, fidèle à son habitude. Il était quelque part avant le déploiement des troupes d’Äsa Markusdotter, il avait assisté aux dernières négociations qui se sont tenues au centre de la plaine, encadrés par les chevaliers. L’assurance des deux parties en disait long sur les intentions de chacun et leur propension à survivre. Certes le surnombre et l’avantage de la plaine, il fallait que Salmarak puisse pallier pour l’honneur de combattre, ou avoir une tactique ingénieuse lui assurant une victoire.
« S’avancèrent, encadrés de la cavalerie, les troupes de chaque côté s’affirmant dans une clameur pour appuyer fortement leurs partis, les couleurs s’élevaient d’un point vers l’apparition. Ils étaient quatre de chaque côté, quatre éléments unis dans un tout, l’unité qui forçait la marche vers une destinée qui ferait renaître de nouveaux desseins. Nous nous sommes approché près d’eux, saluant la Maîtresse et le Marquis avant qu’ils ne commencent leurs dernières tractations. Nous fûmes pressé pour rédiger les mots échangés dans le but de ne pas en perdre l’intégralité : »
- « Marquis, allez fous fous battre ou bien fous rendre, ceci est fotre dernière chanze! » affirme la dame armée avec un regard chargé de détermination.
- « J’aurais préféré parler à un être humain au lieu d’un être putride et gangrené, nous ne nous rendrons point, MORT AUX TÉNÈBRES! »
« Qui fut suivi d’une clameur du côté de Salmarak en répétition, comme si l’écho augmentait en portant les voix des valeureux. »
« Du côté nord de la plaine s’élevait lentement le nom de Äsa (Orssa) en répétition jusqu’à augmentation, révélant des cris au delà de la vision dans la forêt luxuriante de Torascon. »
« Les cavaliers brisèrent la barrière du silence qui suivit pour faire place à l’homme. Les troupes se mobilisèrent au gré des cris et hurlements des hommes et créatures du côté des mages. »
« Nous sommes un peu déçu de voir qu’il n’y a pas eu d’acceptation de l’affirmation et que la terre sera encore témoin de la naissance de la bataille, les éléments se sont confrontés, les quatre filles de la vie n’arrivaient pas à s’unir, seule la terre a laissé la discorde se développer, encore une fois… »
La plaine, une crypte et une histoire
Après un long séjour dans les entrailles de la bête. Le kopte Setoh revenait de loin avec un esprit encore plus objectif, ayant laissé les doutes derrière lui, ne planant qu‘à l’égal de l’affirmation par l’action des hommes. Se rendant sur le champ de bataille deux jours auparavant, il avait eu le loisir de localiser les meilleurs endroits pour se positionner et attendit patiemment que les deux fronts arrivent, caressant délicatement la nature frêle. L’endroit était désolé, comme si la nature avait su qu’un déluge de haine allait y avoir lieu, quelques arbres demeuraient et demeureraient, témoins de la folie des hommes dans la quête de la cupidité pour ou contre un objectif commun : l’incompréhension et l’obstination de la réalité. Marchant au travers des rares étendues de verdure, il étendit la main et ferma les yeux, sentant l’environnement et reniflant l’air, cherchant les deux éléments manquants…ils devaient arriver par la suite par le feu et le sang des combattants.
Le kopte apprit en deux jours que deux groupes se disputaient une crypte découverte en ces lieux, et sut également qu’il s’agissait en fait des anciens lieux d’Orapal Tamas, école ésotérique des terres du centre, jadis détruite vers l’an 647. En fouillant dans ses références, il apprit que quelques années auparavant, les grands maîtres d’Orapal Tamas avaient eu l’initiative d’emmurer leurs secrets.
La crypte fut découverte cet hiver par les membres des Mages de Diedne et de Salmarak et chacun revendiquaient le contenu, sans jamais arriver à une entente.
2IÈME Épisode
L’avancée
L’avancée des troupes d’Äsa Markusdotter était orchestrée tel un mur se déplaçant du nord vers le sud, ratissant chaque pouce carré de la terre. La coordination fut telle qu’au rythme de l’avancée, les troupes de l’union de Salmarak, vassaux de Brabancourt reculaient dans les bois afin de préparer la tactique qu’ils avaient prévu. Äsa, secondée d’un état major bien gardé, favorisait la dispersion de son adversaire dans les boisés, séparant ainsi ceux-ci en petits groupes.
« Nous avons rencontré Morgul du Drake, devenu depuis peu Seigneur d’Arganne, à la tête de l’armée Castenzienne, qui nous salua d’un signe de tête. Il gardait fort serré les rangs de ses hommes, aux côtés de la Horde du Seigneur Baey, au centre du champ de bataille. »
« Le Hibou d’Argent prenait ses rangs et nous avons reconnu notre ami scribe Tetsuo. Nous l’avons salué, ne sachant pas si nous allions le revoir. »
« Nous avons quitté la plaine pour nous introduire dans les boisés à l’entrée - les voisins du greffe impérial en l’occurrence Mâlo et ses paysans, gisaient au sol, enchevêtrés dans l’outillage de cultivateurs. À l’orée du bois sur le front sud, l’échauffourée allait bon train, à plusieurs reprises nous avons vu des combats dispersés et des cadavres gisants sous les arbres. »
« Puis une tactique de Salmarak, aucun tabard, aucune identification et un signe distinctif. Thorakin le Morillon s’avançant derrière un groupe qui était repoussé par les Drows du Seigneur Ashtar : »
- « Êtes-vous avec Salmarakinterroge-t-il en cachant les couleurs de son pavois. »
- « Non! Réponds un des hommes assiégé par les elfes en tapant un coup d’épée au sol. »
« Nous fûmes à ce moment témoin d’une tactique qui a favorisé le petit groupe assiégé par les elfes noirs, le code faisait son œuvre, Thorakin le Morillon plaça son pavois devant lui et chargea les elfes noirs avec ses hommes. Bernés par la tactique ils furent tués. Il ne reçurent aucun renfort. »
3IÈME Épisode
En attendant l’assaut
- « Setoh, cher Kopte ! » s’écria le roi Morjambe, « Venez ici! ».
Nous approchions notre personne de lui, alors que les troupes dirigées par Äsa Markusdotter venaient de franchir la plaine et avaient pris position face à la forêt du front Sud dirigé par le Marquis Salmarak de Buy.
- « Je suis bien heureux de vous revoir en forme, il vous reste encore des choses dans le visage, mais je crois bien que vous allez guérir…non»
- -« Salutations Roi Morjambe, effectivement, ces choses tombent lentement, et nous croyons que bientôt plus aucune trace ne subsistera, au fait, que cherchez-vous ainsi»
- - « Des fraises, il n’y en a pas, j’ai ordonné à mes hommes d’en planter, j’ai envie de fraises et il n’y en a pas… »
- - « Que se passe-t-il de votre côté roi Vand’hal»
- « Vous savez, Setoh, je crois que cette bataille ne sera pas longue, l’ennemi s’est terré dans les bois et les tirailleurs vont s’en charger. Je veux des fraises!!! »
- « Salutations Roi Morjambe, si nous voyons des fraises nous allons vous en informer, pour l’heure nous allons nous rendre dans ces bois afin de voir ce qui se passe. »
Courte incursion
« Nos passages dans les bois furent fructueux de cris d’ordres, de cris de mourants et de hargne, mais également le contraste d’une charge dans un boisé parsemé dont le lit était recouvert de framboisiers. Nul doute à notre esprit, la recherche du roi Morjambe ne visait pas les framboises, et son temps semblait consacré à la recherche du petit fruit plus ferme. »
« La collecte des mots fut à l’origine de maux, pour certains qui avançaient sous des ordres injurieuses d’une créature avec un museau rouge marchant sur deux jambes. Nous croyons en fait avoir reconnu vaguement Brutus, menant ses hommes en fonçant sur l’adversaire tel le déferlement des coulées diluviennes provenant des montagnes lors des saisons de pluies rencontrées en Bugbérie dans d’antérieures recherches de la vérité, comparatif valable et similaire. »
Stratagèmes
« Dans les boisés au sud de la plaine de Torascon, après de longs combats, nous fûmes témoin d’un stratagème qui semblait avoir favorisé l’étirement de la bataille. Tous les lourds du côté de Salmarak et leurs alliés étaient devenus des tirailleurs. La retraite en début de charge a été un élément visiblement agaçant, forçant le jeu du chat et de la souris. Tantôt à droite, tantôt à gauche, trois coups d’un cor puis l’attente d’un, de deux ou de trois autres coups pour sonner une charge distincte. »
« La tactique de Salmarak visait à retraiter pour désorganiser la lourde armée de la maîtresse Äsa Markusdotter. Ils attendaient patiemment que la Maîtresse mobilise ses troupes pour protéger les points culminants et lançaient le signal, même parfois quelques soldats du flanc sud se trouvaient parmi les rangs du flanc nord, mais nous ne pouvions le dire, car notre objectivité aurait été mise à parti. La dame était quand même bien nantie et son état major semblait prendre des décisions bien orchestrées, car elle contrait les offensives, courtes et brèves, des petits groupes sortant des bois. »
La mort de près
« Pendant un instant nous avons cru que quelques carreaux nous transperceraient,. Nous avons entendu le cri du chirurgien barbier, se trouvant devant nous, protégeant ou repoussant un flanc au sud-est, saluant ouvertement notre aptitude à œuvrer à la confrérie des scribes. Visiblement, certains n’ont pas apprécié, surtout lorsque nous avons vu ces hommes et femmes brandir leurs arcs et flèches sur notre personne. Bref, nous avons regardé l’homme et lui avons sourit, précisant que nous étions Setoh Val de Gousset le Kopte, sans justification, attendant notre destinée. Nous avons pu continuer notre chemin. Nous n’avons jamais su pourquoi ils n’ont pas lancés leurs carreaux et leurs flèches. Nous avons cru un instant qu’un monstre se trouvait derrière nous, mais non. Sympathique ce chirurgien barbier…à ce qu’on nous a raconté, il aurait œuvré pour notre libération il y a un an et cette année. Peut-être était-il sous le coup d’une émotion, nous ne le savons point. Peut-être un jour pourrons-nous en discuter. »
Témoignage
L’elfe se rendait sur le front ouest de la bataille, soit l’aile droite de l’armée mobilisée par les mages de Diedne.
« C’est en étant confronté au soleil brûlant que nous avons pris la décision de nous installer dans un coin d’ombre de l’îlot d’arbre que nous avons rencontré le Seigneur Gorghor Baey et Gabrielle, tous deux blessés à une épaule. Nous nous sommes interrogé sur les blessures du seigneur, croyant avoir entendu qu’il était devenu un Dieu. Ce dernier nous a demandé d’écrire sur lui en utilisant ces mots :
- « Les Conkistadors ont réussi à faire une percée au centre et m’ont frappé dans le dos. »
- « Seigneur Baey, nous nous interrogeons sur vos lésions à l’épaule, n’est-il pas dit que vous êtes un dieu»
- « Mais oui, je suis un dieu…mais apparemment que ça marche pas tout l’temps! » a-t-il rétorqué de sa grosse voix rauque en regardant son épaule plein d’incompréhension puis il ajoute ; « Ça va guérir! ». Ensuite, nous lui demandions la permission de relater ces mots et dans l’affirmative, le seigneur Gorghor Baey, a par l’action démontré qu’il consentait à démontrer sa grandeur par l’ouverture. Peut-être que les lieux de la bataille sont magiques, mais cela n’est que propos fortuit, car aucune preuve n’a été démontrée que les lieux sont magiques, nous ne sommes pas allé plus loin en ce sens et n’avons rien vu de tel.
Se déplaçant ensuite sur l’aile gauche, il se retrouve derrière les lignes de la Rédemption, croisant Abraham le Droit qui le saluait et s’enquérait de sa situation physique suite à sa récente guérison.
« En quittant ce front, une douce voix parvint à nos oreilles, celle d’Élora Akimiir : - Faites attention Setoh, je ne voudrais pas que vous soyez blessé - finit-elle avec un sourire, alors que me retournant, nous la vîmes en compagnie de Faucon Loyal nous saluant cordialement. Ce sourire nous a fait chaud au cœur, sachant que la douce avait été blessée par de récents événements. Les Rangers étaient au rendez-vous, nous avons appris plus tard que leur chef, Estéban, avait été tué puis laissé dans les bois..»
Recroisant le roi Morjambe, ce dernier était encore affairé à chercher des fraises…
L’espérance d’un travail bien fait!
« En voyant les greffiers morts, nous avons lancé un soupir, regardant leurs carcasses où s’accumulaient déjà les mouches, souhaitant qu’ils aient bien terminé leur tâche aux greffes… Puis notre ami Ged le Faucon, mort également. Nous aurions cru que Molnir lui serait venu en aide, mais nous nous sommes rappelé qu’en bataille il rangeait Molnir. Probablement qu’une force allait lui venir en aide. »
Tractations et négociations
Politicailleries? Décisions? Destinée? Nous opterions bien plus pour un libre arbitre de la destinée, mais l’homme commun voit la chose autrement, l’appât du gain diraient certains, alors que pour d’autres les témoignages vont en d’autres sens, sans confirmation des dires….
Après enquête :
« Mars 1003, Galion. Une conversation consignée et signée par deux parties présentes, sous la griffe du scribe/greffier Mirzy, refait surface cinq jours avant la bataille et forçant le vassal à prendre une décision contre sa volonté, nuisant ainsi à sa propre destinée et anéantissant ainsi toute chance de s’allier ceux contre qui la décision politique devenait un enjeu de bataille. Le Seigneur Don Vorgrimm Alsenes demeurait Seigneur à l’issue de ces tractations. La propension à gagner des points politiques, a pris le dessus sur les réelles préoccupations des principes et des enjeux réels, soit le destin! Ce jour là, il était au rendez-vous, avec un tout autre allié, celui du mensonge. Deux versions de cette missive, deux interprétations, soit un faux et un vrai. Mirzy reconnut que le document fait au Galion l’avait été fait en sa présence sous l’approbation des deux parties, alors que la donne effectuée lors des tractations pour forcer un vassal était un bluff magistral donnant avantage au armées noires du Hneftafel. Le roi blanc n’avait aucune chance et ses convictions personnelles vouait toute interaction à l’échec. Ainsi nous avons pu répondre à notre question quant à ce surnombre sur le champ de bataille. »
« Du côté de la dame, les différentes tractations et négociations étaient orchestrées de manière à ce qu’aucun de ses principaux intervenants n’arrivent à se contrecarrer, contredire ou mentir. Elle sut prendre à parti les trois fronts, sans jamais y avoir de dissensions, même entre ennemis jurés. Certains de ses alliés ne se battraient jamais, d’autres auraient pu venir pour labourer les terres, afin de faire revivre cette plaine dénudé de tous ses artefacts, et faire renaître cette paix qui aurait dû être négociée bien plus tôt...l'avantage était née de la terre…la terre, celle qui a déjà renié ses trois sœurs et qui continuera d’être témoin du sang versé… »
Ath Mith Faïla, Confrère Kopte
Scribe Traducteur