La bataille de l'île de Bryas

Année

Événement

Auteur

Guilde

1002

Grande Bataille

Conrade de St-Sulpice


Momento Finis

Moi, Conrade du Saint-Sulpice, frère sergent du temple, je me remets tranquillement de mes blessures, douloureux héritage de la guerre de Bryas à laquelle j'ai pris part. C'est d'ailleurs la seule chose que j'aie ramenée de cette cuisante défaite. Après la mort de Maïeur de Herdal, riche commerçant qui avait le monopole sur le commerce des esclaves provenant de l'île de Bryas, trois guildes se ruèrent sur cette île afin de se l'approprier. Car en effet, cette île était peuplée de peuples primitifs mais robustes et nombreux, ce qui en faisait des candidats parfaits pour l'esclavage. Les guildes de Osgoroth, des Vand'Hals et de Lambertrand allaient s'affronter pour le contrôle de l'île.

Notre Ordre était arrivé peu avant le début des hostilités. Notre but était de convertir bien sûr des païens, mais aussi d'amasser des fonds pour les bonnes œuvres de notre Ordre. Avec l'Ordre du Poing de fer et la guilde d'Hullsbourg, nous avions négocié avec Lambertrand afin que les esclaves qui avaient la foi obtiennent leur liberté. En échange, nous nous battions de leur côté. Le Poing de fer nous paya aussi une somme afin que nous combattions sous leurs ordres. Pendant plusieurs jours, notre ost marcha au travers des vallées étroites de l'île. Lambertrand avait réussi à rallier la plupart des guildes et notre ost était vraiment gigantesque. Brabancourt, la Rédemption, les Mages, Montfort et bien d'autres. Je ne mentirais point en disant que la ligne des soldats marchant l'un derrière l'autre s'étendait d'un horizon à l'autre. Plus nous nous enfoncions sur l'île, plus il faisait chaud.

Et l'eau était rare à cette période de l'année. Elle était rationnée dans tout l'ost et beaucoup devaient mendier pour en avoir. Nous avions ouïe dire que Osgoroth avait fait un pacte avec les Vand'Hals pour qu'ils se battent du même côté. De plus, une rumeur effrayante courrait. On racontait que l'ost ennemi était accompagné de créatures immondes, dont deux dragons. Étant donné l'écrasante supériorité en nombre et en équipement dont nous disposions, les hommes étaient quand même confiants. Au quatrième jour, nos éclaireurs nous avertirent que l'ennemi était à une lieu. Nous campâmes dans une forêt. L'ost avait monté le camp au travers des arbres. Nous passâmes la nuit à prier et à aiguiser nos armes pour le glorieux lendemain. Nous allions renvoyer les hordes barbares et païennes en enfer.

Le lendemain, sous la pluie, nos troupes se rassemblèrent en haut d'une colline qui bordait une rivière. Un seul pont massif traversait cette rivière, et de l'autre côté, l'ost ennemi deux fois moins nombreux que nous, attendait de pied ferme. Au milieu de leurs troupes, nous pouvions apercevoir les deux bêtes reptiliennes; Sariu la créature du chaos et un énorme dragon vert comme il en reste peu en terre de Bicolline.

Notre ost se divisa en deux, l'aile senestre et l'aile dextre. L'aile dextre, soit nous et le Poing de fer, demeura tout en haut pendant que l'autre moitié dirigée par Brabancourt descendait la colline et allait se placer sur la route du pont. Nos machines de guerre, dont la bombarde du Poing de fer, ouvrirent le feu sur les troupes ennemies qui restaient toujours immobiles. Sariu traversa le pont et se dirigea sur l'aile senestre, mais il fut vite terrassé par nos chasseurs de monstres. Soudain, l'assaut fut lancé et notre groupe descendit la colline au pas de charge afin de traverser la rivière à gué. Pendant ce temps, l'autre troupe chargeait le pont. Nous allions prendre l'ennemi en tenaille. Nous sentions la victoire acquise, les coalisés ennemis ne pouvaient résister à une telle charge d'un ost deux fois plus nombreux qu'eux. Pourtant ils réussirent. Les archers des deux côtés se mirent à tirer et nombre de valeureux guerriers tombèrent. L'aile gauche se heurta à l'ennemi sur le pont. Des hommes d'armes frappés à mort tombaient dans l'eau plus bas. La rivière fut vite couverte de flèches et de cadavres qui descendaient le courant. Notre groupe traversa enfin la rivière et rejoignit l'ennemi sur l'autre rive. Quelques chevaliers, empêtrés dans leur armure, se noyèrent presque pendant la traversée. Une clameur s'éleva au dessus de nos troupes, l'autre dragon avait été tué. Mais il en avait amené plusieurs avec lui.

Armé de ma lance bénite je frappais les boucliers païens dressés devant moi. Malgré la violence de notre attaque, la défense ennemie avait tenu. Plusieurs de mes frères étaient déjà tombés. Ray Elder, la tête emportée par un trait de baliste, gisait sur le bord de l'eau. Notre trésorier, Constantin de Doncaster, finissait d'agoniser. Même notre maître, de Monquefort, aussi pieux soit-il, avait été blessé à de nombreux endroits. Partout des cadavres mutilés s'empilaient. La rivière était couleur sang. Mais nous ne pouvions passer, l'ennemi tenait toujours courageusement. Nous dûment battre en retraite de l'autre côté de la rive, laissant nos blessés. L'ennemi en profita pour guérir les siens. Nos commandants semblaient maintenant impuissants. Nous venions de perdre la moitié de l'ost de l'autre côté de la rive dans une veine attaque et nous ne pouvions guérir nos hommes tombés, car cette dite rive était toujours occupée par l'ennemi. L'ost s'organisa en hérisson pour défendre la rive que nous tenions. Il n'était pas question que l'ennemi passe. L'ennemi fit de même, gardant toujours sa position. S'engagea alors un long duel d'artillerie et de flèches. Des pluies de traits s'abattaient des deux côtés de la rive. Quelques téméraires tentaient des traversées, mais ils se faisaient vite hacher en menus morceaux. La situation semblait se stabiliser, les deux osts tenant leur front, mais l'ennemi nous avait réservé une surprise. Une désagréable surprise qui allait être notre coup de grâce.

Surgissant de l'arrière, les troupes de Bestarius nous tombèrent dessus. Ils nous avaient contournés en traversant la rivière en amont sans que nous nous en apercevions. Le reste de l'ennemi en profita pour traverser le pont et la rive. Coincée entre deux fronts, ce fut la débandade de notre fier ost. Nous courûmes vers la seule issue possible, un endroit de la rivière qui était faiblement occupé par l'ennemi. Plusieurs furent fauchés dans leur fuite. Faisant preuve d'un courage suicidaire mais pieux, je décidai de retarder l'ennemi et d'ainsi permettre la traversée de la rivière aux quelques survivants qui n'avaient pas encore traversé, tels mes frères Templiers. Ma résistance fût veine. Un groupe de rustre me chargea. Un coup de lame d'Orc traversa ma brigandine et me blessa au torse. Le choc me jeta au sol et je fis le mort. Cela me sauva la vie. L'ennemi poursuivi le reste de nos troupes qui s'enfuyaient dans les bois. L'ennemi était victorieux, notre glorieux ost gisait maintenant sur les bords de cette affluent du fleuve noir, dévorée par la charogne. Au soir venu, je pus en me faufilant rejoindre un groupe de survivants et après une longue marche pénible de plusieurs jours, nous embarquèrent à bord du premier navire marchand en se faisant passer pour de simples paysans.

Voilà qui achève mon récit.