La bataille de Chalucet

Année

Événement

Auteur

Guilde

1006

Grande Bataille

Conrade de St-Sulpice


Momento Finis

La Plaine

Les nuages noirs s’accumulaient au-dessus des deux armées qui se faisaient faces sur le plateau de Grossouvre dominant le fief de la Pointe du Chalucet. C’était un sombre présage de cette journée funeste ou deux royaumes allaient s’affronter pour un ridicule bout de terre. Dans les rangs des deux osts, se trouvait une multitudes de combattants provenant de tous les royaumes des Terres du Centre, et même au-delà. Notre ost avait fière allure comparé à la bande de va-nu-pieds du roi Sven. Oh! certes, il avait réussi à se payer les services de Notre-Dame de la Rédemption, du Phœnix, d’un fort contingent impérial ainsi que de la Guilde du Montfort, mais le reste n’était composé que de soudards, de manants, et d’autres piétailles armées à la hâte. C’était une armée de loqueteux. J’allais néanmoins ravaler mes paroles à la fin de cette journée. Ils étaient plus nombreux que nous, avaient des monstres, et beaucoup plus de machines de guerre.

En face d’eux, le fier ost du Roi Solar. Ce dernier avait dépêché sa Régulière, aux bannières flamboyantes de gueule et d’or. Bien sure, la Régulière n’a rien d’une bande de noble chevalier. Ce sont de rustres piétons, avec comme seul étiquette, la pique et le poignard. Mais ce sont de vaillant combattant et ils suivraient leur sergent n’importe où. Il y avait aussi les Dragonniers, mercenaires d’expériences qui dirigeaient cette armée. Garin le Trébuchet en était le connétable. Garin le Trébuchet, dit le Sans- âme. Il était le fils d’un gueux qui était lui-même fils de gueux. S’il aurait suivit la voix que Dieu lui destinait, il aurait dut être à sa place, aux champs, à manier la charrue et la faux. Il avait plutôt décidé d’égarer son âme et de manier l’épée en se vendant au plus offrant. Il n’en demeurait pas moins un redoutable adversaire pour Ozame.

L’armée était complétée par une centurie de la Légion infernale, qui se déplaçait comme un seul homme. Il y avait le Lotus No Chi, ces guerriers qui viennent de loin et suivent un code d’honneur strict. Les hommes du Duc Salmarak de Buy étaient aussi présent, de même que les Vand’hals.

La Vraie foi avait aussi ses représentants; le Saint-Ordre du Poing de fer, du Vinier ainsi que le Saint-Ordre du Temple, auquel j’appartiens. Nous nous étions rangés sous la bannière du Roi Solar, un pieux croyant de la Vraie Foi. Pour notre part, nous étions en retrait, agenouillés pour la prière. Garin nous avait donné l’ordre de se faufiler entre les troupes ennemies et de les prendre par l’arrière, et c’est bien ce que nous avions l’intention de faire. Je devais moi-même mener la charge de l’Ordre, gonfanon battant au vent.

La tension était palpable. Aucune des deux armées n’osaient attaquer en premier, préférant attendre de voir la réaction de l’adversaire. Les pavois des deux armées étaient dressés en ligne, formant deux murs parallèles près à se fondre un sur l’autre. Les armes d’hasts, bannières au vent, étaient dressés, menaçants comme les crocs d’une mâchoire qui allait se refermer sur cette journée.

Le signal fut donné par le son du cor et les bouches à feu crachèrent leur mort dans un vacarme de fumée et de métal. Des deux cotés, les lignes d’archers décochèrent leurs pluies de flèches, cueillant les malheureux qui n’eurent pas le temps de se mettre à l’abris derrière les boucliers. Les deux armées se jetèrent l’une sur l’autre sous les cris et les armes qui s’entrechoquent. La journée commençait bien.

Les Templiers chargèrent en ligne, et nous nous faufilèrent dans une brèche entre le Clan des Arrachés, pour arriver sur l’arrière de l’ennemi. Nous tombèrent en plein dans leurs archers qui se trouvaient ainsi sans protection, face à nos lames. Frère Ahab ibn Chakal notre maréchal donna l’ordre de charger les archers. Ces derniers lancèrent une dernière volée de flèches qui faucha plusieurs de mes frères, mais lorsque nous fument trop près, ils furent des cibles faciles. Il est toujours plaisant de tomber sur ces manants qui utilisent l’arc et abattent de preux chevalier de loin. Avec ma lance, j’en transperça quatre et je vis Frère Aldebert de Roiville qui ne tenait que son brans, trancher héroïquement dans la masse en criant « Monjoie, Saint-Denis!!! ». Il était déchaîné par une bravoure presque divine. Son compagnon de la Commanderie de l’Est, frère de Montbard, le talonnais de près. Frère Édouard et sa Commanderie du Nord n’avait rien à leur envir, puisqu’ils terrassèrent de nombreux ennemis. Bientôt, nous mirent les archers en déroutes. Autour de nous il n’y avait que des cadavres d’ennemis. La victoire semblait acquise!

Non! Le vent avait tourné. La bataille rangée s’était transformé en plusieurs escarmouches isolées, et nous étions en train de nous faire rejeter hors de la plaine. L’ennemi était en surnombre et nous avions beaucoup trop de perte. Le Phœnix Rouge se tourna vers nous et donna la charge qui brisa notre cohésion. Malgré une résistance héroïque, nous dûmes nous résoudre à leur abandonner le plateau de la Pointe du Chalucet.

La barricade

Le Roi Sven avait gagné une bataille, mais il n’avait pas encore gagné la guerre. Les Templiers se retirèrent dans la foret de Harcourt accompagné du Lotus No Chi. Nous trouvèrent le Poing de fer appuyé par d’autres guildes qui tenait une barricade fermant une clairière, ou se dressait un campement abandonné. Il n’y avait que deux accès à cette clairière; l’entré principale entre les barricades, et un sentier dissimulé dans les bois. La défense fut vite organisée car l’ennemi approchait. Le gros de la troupe allait défendre l’accès principal pendant que nous, les Templiers, allions rester cacher dans les bois en dehors des barricades pour prendre l’ennemi à revers. Ce plan marcha à merveille. Une troupe fort nombreuse des hommes de Sven approcha sur la route principale, fermement déterminé à nous expulser de cette position fortifiée. Ils se jetèrent contre les défenseurs de l’entrée principale, et trop absorber dans leur combat, ils ne virent rien lorsque les Templiers sortirent de leur cachette et se jetèrent sur leur flanc. Ils furent tous taillés en pièce, les cadavres encombrant l’entrée de la barricade.

Alors que nous étions retournés à l’intérieur pour se reposer, une autre troupe menaçante approcha. Ils comprirent vite l’erreur de leur prédécesseur et décidèrent plutôt d’escalader la barricade et d’entrer par plusieurs points. Le Poing de fer comme à l’habitude tinrent bon dans l’entrée, mais l’ennemi s’infiltrait partout. Ce fut alors une mêlée généralisée dans la clairière. Ils en arrivaient de tous part. Le combat était tellement confus, que je ne suis pas sure d’avoir pourfendu seulement des ennemis. Je maudis ceux qui ne portent aucune couleur. Une forte pluie tomba au-même moment ajoutant à la confusion, et transformant le sol en fondrière de boue. Mais notre courage et notre Foi en Dieu nous permirent de les repousser. A la fin, il ne resta que leurs cadavres éparpillés un peu partout.

Mais Dieu ne nous avait pas encore donné la victoire. La boue et le sang avaient taché nos blancs tabards, si bien que nous avions presque l’air de gueux. Nous n’avions même pas encore relevé tous nos blessés que déjà une autre forte troupe approcha. Mal informé, ils se jetèrent seulement dans l’entré, si bien qu’ils eurent une surprise lorsqu’ils furent prit à nouveau dans un étau. Le Poing de fer se donna même le plaisir de sortir de sa position pour les abattrent dans le chemin.

Notre barricade tenue encore plusieurs assauts. Mais nous avions probablement péché sans confession, car Dieu nous punis de la façon la plus horrible qui soit. Alors que nous étions à affronter un groupe de tirailleurs sur la route, frère Édouard mit le pied dans un nid de terribles frelons de Dinant, sûrement les guêpes les plus redoutables des Terres du Centre. L’essaim de guêpe enveloppa plusieurs de nos chevaliers et, prisonniers sous les heaumes et les hauberts, ils nous affligèrent de terribles piqûres. Frère Édouard fut le plus horriblement atteint. Hors de combat, il était tellement boursouflé qu’ils nous fut impossible d’enlever son heaume. Charis d’Edenbourg eut presque l’œil arraché par une guêpe vorace. Un autre plus loin se convulsait sur le sol dans l’agonit, transpercé de tous part. Ces guêpes nous occasionnèrent plus de perte que l’armée d’Ozame.

Mis hors de combat par ce fléau de la nature, le Saint-Ordre du Temple ne pouvait plus rien pour la barricade. Celle-ci tomba sous l’assaut final des troupes du Roi Sven. Les rescapés de notre Ordre prirent la fuite vers les vallées de Harcourt, ou nous pensions trouver refuge. C’est à travers un sentier que nous furent bloqué par une embuscade des Rédemptoristes, et c’est la que nous tombèrent l’un après l’autre, sous la pluie.

Conrade de St-Sulpice