Avec votre permission (Bicolline) C’est bien connu, les généraux ont la tête dure. Plus dure que la couenne de leurs soldats. Du haut de leur tour d’ivoire, les grands bonzes de l’Empire et de la Fédération argannaise se cassent la tête à longueur d’année à pondre des stratégies guerrières. Pour eux, seule la victoire compte. Les fantassins et les archers qui composent leurs armées ne représentent pour eux que des pions qu’ils déplacent sur l’échiquier du champ de bataille au gré de leurs astuces.
Mais les soldats n’en peuvent plus. D’un côté comme de l’autre, l’ensemble de la force de frappe décide de prendre une pause. L’entièreté des combattants des deux fronts réclame auprès de leurs dirigeants une trêve. On ouvre donc les coffres pour verser aux bidasses leur solde afin qu’ils prennent leur permission. La demande est acceptée! Les bagages sont entassés sommairement dans les soutes, on ramasse ma mie et les marmots en mettant notre tunique de plage la plus festive.
Dans son infinie bonté, le Sérénissime Empereur Karl Ier affrète une grande quantité de frégates afin de transporter ses troupes jusque dans le paradisiaque archipel de Soumess, allant même jusqu’à vanter les vertus thérapeutiques de se prélasser sur ces îles encore inexplorées, ou presque. Déjà sur le trajet, l’alcool coule à flots et l’on fait bombance lors de nombreuses ripailles. Mais à leur arrivée, en plus de la gueule de bois, une autre mauvaise surprise les attend: il semblerait que les troupes argannaises aient eu la même idée. Au loin, du haut du grand mât, la vigie aperçoit un nombre impressionnant de frégates ennemies qui ont mouillé l’ancre au large de la plage.
La peur s'installe. L'alcool est limité! Vont-ils venir voler leur réserve de noix de coco? Y a-t-il assez de petits parasols à mettre dans son bock? Il parait que les soldats de la Fédération Argannaise sont tous des ronfleurs! Mais d’un côté comme de l’autre, les soldats sont bien décidés à faire tout en leur pouvoir pour enfin prendre des vacances qui ne seront pas de tout repos.
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