Approuvé par son Altesse Sérénissime Karl Von Shlaffenmark 1er
Gloire à Son Altesse Sérénissime!
La fable du Poulpe Présomptueux

Année

Événement

Auteur

Guilde

1000

Grande Bataille

Hyronimus


Le moine Hyronimus allait entrer dans l'auberge lorsqu'il fut tout à coup assaillit par les piaillements de petits gamins poussiéreux.

"Onc' Hyro! Onc' Hyro! racontes-nous une histoire!", braillaient-ils en coeur.

"Bah! Laissez donc un vieux moine allez étancher sa soif en paix, vilains garnements!", répondit le scribe un peu fatigué de sa randonnée.

"Ooooh! Allez! Juste une toute petite légende ou une comptine alors! Juste pour rigoler! Sois chic Onc' Hyro!!! C'est promis, on t'embêteras plus après...", supplièrent les enfants avec leurs sourires les plus désarmants.

"Bon! bon! Petits chenapans! Juste une petite hein? Puis vous décampez par la suite?", bougonna le moine en donnant une petite tape en arrière de la tête du plus robuste des gamin.

"Chic! Chic! Promis Onc' Hyro! Promis!", répondirent en coeur les enfants.

Le moine trouva une vieille souche pour s'y asseoir et les enfants se disputèrent les places de choix autour du tronc d'arbre décapité. Hyronimus songea un instant, scrutant sa mémoire pour un récit valable pour un si jeune public. Comme il en trouvait aucun, il décida d'improviser.

"Les enfants, je vais vous raconter une fable... Euh... Une fable qui porte le titre de ... hem... hum...", balbutiait le conteur en cherchant désespérément l'inspiration.

À ce moment, Hyronimus aperçu, un peu plus loin, Morgul de Castenza qui entrait à l'auberge. Un sourire narquois se dessina alors sur le visage du moine. Combattant un fou rire soudain, il s'éclaircit la gorge. Regarda son auditoire attentif et s'élanca dans son récit...

«LA FABLE DU POULPE PRÉSOMPTUEUX...»

"Il était une fois un bel oiseau gracieux et convoité, un cygne du nom de Arganne. Le pauvre oiseau était à la fois perdu et prisonnier d'un vaste océan tourmenté: la Mer Impériale. Arganne pataugeait tant bien que mal dans ces vagues aux lames dangereuses qui emportaient tout sur leur passage."

"Ce jour là, c'était jour des offrandes au Maître de la Mer Impériale. Chaque habitant de l'océan, chaque poisson, mollusque, crustacé devait offrir un oeuf en guise de taxe pour vivre dans les eaux du Maître. Chose à la fois inexpliquée et injuste, le cygne, lui, devait remettre TROIS oeufs plutôt qu'un au seigneur de la Mer Impériale."

"Pourtant Arganne ne pêchait plus dans les eaux de la Mer Impériale. Le cygne avait réussit à ne plus dépendre de la Mer pour sa subsistance. Il ne plongeait plus dans ses profondeurs chercher les délicieux poissons et se contentait plutôt des petits insectes qu'il pouvait cueillir au passage lorsque les vents étaient favorables."

"Peut-être était-ce pour punir son esprit d'indépendance, mais le Maître de la Mer Impériale insistait pour que le cygne lui ponde trois fois plus d'Ïufs que les autres habitants de l'océan. Et le pauvre Arganne n'avait d'autres choix, n'ayant connaissance d'aucun îlot de paix et de liberté en ces eaux houleuses et impardonnables."

"Heureusement, un bon et juste prince venu de très loin avait bravé la Mer Impériale pour venir offrir son aide au cygne bafoué. Bravant les lames de fond meurtrières de l'océan en furie, le prince Nakan était courageusement juché sur la proue de son majestueux et très fiable navire, le Gorghor Baey, et tendait la main à Arganne. Le prince Nakan cria: VENEZ CHER ESPRIT LIBRE! MON NAVIRE EST VOTRE REFUGE SI VOUS LE VOULEZ BIEN!"

"Le pauvre Arganne était tout épuisé juste à rester à flot dans des vagues qui semblaient de plus en plus déchaînées. Il trouva tout de même dans cet espoir d'une vie meilleure quelques maigres forces et se mit à battre doucement des ailes pour tenter un envol. Allait-il réussir? Lui restait-il suffisamment d'énergie?"

"Pendant ce temps, le Maître machiavélique de la Mer Impériale, fulminait, voyant sa "poules aux oeufs d'or" qui commençait à voler de ses propres ailes. Le Maître alla chercher son serviteur le plus bête, dans le plus profond des bas-fonds des océans. C'était le Poulpe."

"Le Poulpe avait des idées de grandeurs mais c'était un sujet bien docile et bien sot, satisfait de se repaître des miettes et des déchets qui tombaient dans les fonds vaseux de l'océan. Le Maître réussit facilement, grâce à de vaines cajoleries et de vagues promesses, à convaincre le nécrophage tentaculaire que quelqu'un, "un méchant-méchant prince (étranger en plus!)" tentait "vilainement d'enlever" le cygne Arganne, de soustraire cette pauvre victime des "soins bienfaisants de la Mer Impériale"...

"Le Poulpe vaniteux et flatté dans son ego, se proposa pour "sauver la vie" du pauvre Arganne et de ramener le cygne dans le giron de la Mer Impériale. Le mollusque imbue de ses illusoires vertus s'élança vers la surface de l'océan."

"Pendant ce temps, le cygne avait réussit à réveiller les muscles endoloris de ses ailes et prenait de plus en plus d'assurance dans ses battements. Dans un ultime effort pour s'envoler, les pattes d'Arganne se mirent à pédaler pour aider le mouvement des ailes. Arganne avait maintenant assez d'élan pour courir à la surface de l'eau... Il allait réussir... Il allait s'envoler... Il allait se libérer de l'emprise de la Mer impériale..."

"C'est à ce moment que le destin se fit amèrement pathétique. Des tentacules visqueuses percèrent la surface des flots et agrippèrent le cygne. Arganne se débattait mais l'énergie n'y était plus... Se résignant à son triste et inévitable sort, Arganne lança un dernier regard mélancolique vers le prince, puis se laissa emporter sous l'eau par le Poulpe stupide et vain. Celui-ci, inconscient du crime qu'il commétait, criait idiotement: NE T'EN FAIT PAS ARGANNE! JE VEUX TON BIEN! JE TE SAUVERAI!..."

"Et Arganne fut emporté sous les flots de la Mer Impériale et mourrut étouffée, privée de l'air libre..."

Le moine Hyronimus demeura un instant silencieux comme pour rendre un dernier hommage au cygne de la fable. Puis, il se leva devant son public abasourdi. Certains des plus jeunes enfants versaient des larmes. D'autre semblaient en colère.

"C'est pas une belle histoire ça! La fin est trop triste!", cria une petite fille.

"Change donc la fin Onc' Hyro!", ordonna un des garçons.

"Oh! Mais c'est que j'aimerais bien changer la fin...", répondit le moine, "... c'est mon souhait le plus cher, croyez-moi... Mais ça ne dépend pas juste de moi, ces choses là..."

"Les poulpes ça sent mauvais!", affirma une petite fille particulièrement chétive et crasseuse.

"C'est visqueux et gluant!", renchérit un garçon qui semblait être son frère jumeaux.

"Et puis ça laisse un arrière goût dégoûtant dans la bouche!", dit celui qui semblait être le chef de la bande.

"Je ne vous le fait pas dire mes enfants", répondit le scribe en soulignant ses dires d'un clin d'oeil.

Heureusement pour le moine, à cet instant, une jolie demoiselle quittait l'auberge. Les gamins la repérèrent et s'élancèrent à sa poursuite.

"Allons voir Cyane! Elle raconte de plus belles histoires...", dit un des garnements.

Satisfait de sa nouvelle liberté, tout en ayant une bonne pensée pour Cyane, le moine Hyronimus retourna vers l'auberge en quête d'une choppe de bière bien tiède, et bien mérité...