Par une nuit cauchemardesque, où même le pire des charognards n'ose s'aventurer, où seul le fossoyeur se délecte du spectacle, une troupe
impitoyable avançait. Se trouver sur son chemin était signer son arrêt de mort. C'est en ce lieu, trempé par la brume glaciale, que je me trouvais, voyageur infortuné et délaissé par dame Chance. J'avançais, enjambant les
corps inertes qui tapissaient la terre ensanglantée, et allais au devant de
cette horde de fous furieux qui distribuaient du fer à tous vents. J'y voyait
à peine le tranchant de ma lame et me disais que ma vie leur coûterait bien
deux ou trois têtes.
À la lueur d'une torche je les vis.........
Ces huit hommes avaient à eux seuls rasé la plaine des âmes qui la
défendait. Leur chef, dont le marteau de guerre couvert de sang cramoisi
écrasait sa dernière victime, fut pris d'un fou rire lorsque ses yeux se
posèrent sur mon visage stupéfié et incrédule.
Depuis ce jour d'hiver, je vis de nouveau. J'y ai trouvé une famille et la
richesse puisque je suis trésorier de fonction; donc le mieux nanti de tout
cette grande troupe que sont ces barbares mercenaires de la Horde de Gorghor
Baey. |