Né dans la ville de Florenza, en Andalousie et unique enfant de Don Antonio
di Enrike de Florenza, comte de Florenza, et de Donna Anna di Caterina de
Alvares, baronesse de Varonne, Don Miguel est l'héritier en titre des terres
de son père. Afin d'en faire un stratège militaire et un guerrier accompli,
Don Antonio envoie son fils apprendre l'art de la guerre avec le capitaine
Diego Romuald, soldat émérite de sa majesté le roi. Au cours d'une campagne
dans les terres du Maine et Loire, petite province d'un pays voisin aux
confins de Sarthes et de Mayenne, Don Miguel tombe amoureux de la fille du comte
du Serrain, dame Marie d'Amour, capturée lors de la prise de la ville de
Durtal. Une querelle à ce sujet oppose Diego Romuald au jeune comte et ce
dernier assassine le capitaine avant de prendre la fuite avec la comtesse.
Lorsqu'il apprend la nouvelle, le comte Don Antonio entre dans une colère
terrible. Il déshérite son fils et le bannit du comté de Florenza à jamais.
Don Miguel jure de se venger et de reprendre possession de ces terres qu'il
considère lui revenir de droit.
Pour cela, il lui faut une armée; or, sans la fortune de son père, Don
Miguel ne peut espérer rassembler les hommes et les armes qui lui sont
nécessaires pour accomplir sa vengeance. Ainsi donc, il loue ses services comme
mercenaire auprès de petits seigneurs, de divers barons ou de vulgaires
brigands durant quelques années.
Malheureusement, le pécule qu'il acquiert durant cette période, quoiqu'important,
s'avère insuffisant pour accomplir ses noirs desseins.
C'est en l'an 995 que Don Miguel , toujours accompagné par sa
maîtresse, dame Marie D'Amour, croise la route de Gorghor Baey, barbare cruel
et impitoyable, mercenaire aimant le sang, la bière et les femmes, et dont la
grandissante et sanglante réputation a ceci d'étrange qu'elle lui prête
un sens de l'honneur et une fidélité indéfectible à qui le paie pour ses
services.
Voyant là une opportunité unique de faire fortune, Don Miguel se joint à
la bande de Gorghor Baey. Fort de son éducation et de son don pour la
diplomatie, il gagne la confiance de son nouveau chef et devient, après
quelques années à peine, son principal négociateur.
Un fait singulier mérite d'être souligné : dame Marie D'Amour reste à
ce jour intouchée du reste de la bande. Or, toute femme admise dans la troupe
ou capturée par elle est toujours passée par la couche de Gorghor Baey : c'est
un droit inaliénable qu'il s'arroge et personne n'oserait le lui
négocier... mais le lui parier, c'est une autre affaire! C'est ce qu'a
fait Don Miguel au moment où Gorghor se saisissait de la femme. Les termes et l'enjeu
du pari sont encore inconnus à ce jour, mais Gorghor a vraisemblablement perdu
et est resté fidèle à sa réputation : la comtesse du Serrain peut se
promener impunément dans les rangs du groupe et reste la propriété
inatteignable de son seigneur. C'est sans doute là la plus belle victoire de
Don Miguel à ce jour.
Malheureusement pour lui, le destin lui jouera un mauvais tour.
Durant l'été 99, Don Miguel négocie un traité avec la Kabbale, qui
retient les services de la Horde pour étouffer la révolte des libertaires
menés par Viatka. La Horde remplit son mandat et contribue à la victoire de la
Kabbale, mais celle-ci refuse de payer les mercenaires de Gorghor Baey sous un
prétexte obscur... pour le malheur de Don Miguel qui est déchu de son poste et
mis au pilori l'année suivante pour avoir manqué à ses fonctions de
négociateur. On ne commet pas de faute dans les rangs de Gorghor sans en payer
le prix! Seul les loyaux services de Don Miguel jusqu'à présent ainsi que ses
hauts faits d'armes lui permettent de garder sa tête.
Au printemps de l'an mil, la réputation de la Horde connaît un sommet sans
précédent : Gorghor Baey est engagé par le puissant sultan du Pays des
Sables, Nakkan Ossan, afin de libérer le royaume d'Arganne. Gorghor décide à
ce moment de lever une armée pour grossir les rangs de la Horde. Don Miguel
saisit cette chance unique de regagner les faveurs de son chef : il devient le
capitaine de la nouvelle armée de Gorghor Baey : la Compagnie Noire. Celle-ci
passera bien près de percer une brèche dans la forteresse imprenable de
Pamoisard grâce au courage exemplaire de ses troupes.
Malgré l'issue du siège et la défaite des troupes menées par Gorghor, Don
Miguel jubile. En effet, il a maintenant sous sa main ce qu'il convoite depuis
tant d'années et qui sera l'outil de sa vengeance : une armée pour
reconquérir ses terres familiales. |