La sagesse des armes (Bicolline)

C’était inévitable. Il fallait en arriver là. L’orgueil était à son paroxysme. Seul le plus fort l’emportera!

L’air était étouffant malgré la fraîche brise printanière. Les généraux s’observaient sur le champ de bataille, se demandant qui allait avoir l’audace d’exécuter la première action. Il était clair qu’aucun d’eux ne voulait commettre la première erreur qui risquait d’être fatale. La sueur coulait dans l’armure de tous les guerriers. Ces hommes-là s’étaient tous déjà battu ensemble. Ils avaient levé la corne ensemble, ils avaient chanté ensemble et sous leurs yeux, vu leurs camarades tombés ensemble. Maintenant, c’est le sang de frères d’armes et de camarades qui allait couler sur leurs lames.

Après de brèves négociations infructueuses, nous en étions rendus là. Ce litige allait se régler par les armes, les plus vaillants l’emporteront. La sagesse des armes parlera et fera acte de loi. Il est vrai qu’un lot d’anicroches plus ou moins importants avait froissé les deux belligérants du conflit. Nous n’avions qu’à penser au moment où les Frères d’Armes avaient acheté des terres en Berkwald pour retourner près de leurs aïeux, tout en cédant les leurs en Mariembourg. Cet acte bien que justifié, avait irrité les Impériaux qui avaient préalablement fait bien des concessions aux Frères d’Armes. Les dirigeants de l’Empire avaient reconnu le potentiel des guerriers norses, pour finalement les voir passer sous leur nez pour rejoindre les bannières du Berkwald. Sans parler d’une transaction de domaine plus ou moins douteuse qui avait eu lieu dans une soirée bien arrosée entre Igor et Fatnor où ce dernier a liquidé la terre pour ses camarades norses. L’une des terres concernée, Outre-Tombe, aurait selon certaines archives impériales, un lien ancestral avec le maréchal Oulianov, lui-même fondateur de la guilde des Hellequins. Ce n’est sans parler de la mythique Corne de Brume des Frères d’Armes qui avait été subtilisée durant l’annuel et obscur traité d’alliance entre les deux groupes. Les Hellequins ne payaient rien pour attendre, l’année suivante, c’est un bouclier orange et noir qui avait été volé.

Maintenant, les deux groupes sont solidement installés dans les terres de Bicolline. Leurs dirigeants ont prouvés leur aplomb. Le courage et la force de frappe de ces guerriers d’élites n’étaient plus à prouver.

Ce n’était pas uniquement pour gagner des pacotilles que l’affront avait lieu, mais bien pour savoir qui était le plus fort. Et ça, ça comptait vraiment.

Et le cor retentit…

Source: Archives de Bicolline.